382 AFBH-Éditions de Beaugies 
AFBH

Les Jeudis du Songeur (382)

QUAND ON Y PENSE !
[soliloque]

Quand on pense aux catastrophes planétaires qui nous divertissent chaque soir,

Quand on pense à tous ces enfants affamés dont 30 000 périssent chaque jour,

Quand on pense qu’il meurt davantage d’automobilistes sur les routes de France que de victimes du terrorisme sur toute la Terre,

Quand on pense que le cosmos est infini ce qui n’empêche pas le monde d’être petit,

Quand on pense que la nuit tous les chats, noirs comme blancs, deviennent gris,

Et qu’il faut de nos jours, y compris dans Paris, payer pour simplement pouvoir faire pipi,

Quand on pense que le Globe terrestre tourne tous les quatre ans autour du Ballon rond,

Et que seule une minorité de savants se penche sur la gravitation universelle,

Quand on pense à la pluie que suivent tantôt le beau temps, tantôt le Tsunami, pour rigoler sous l’eau,

Quand on pense qu’un musée d’Art Popu va surgir du désert pour richissimes du pétrole,

Quand on pense qu’un pauvre PDG n’eut que 4 millions de Bonus pour vendre à un géant américain une entreprise français (nommée Alstom),

Et qu’un Smicard d’aujourd’hui, ce feignant, mettrait 300 ans pour en gagner autant,

Quand on pense que notre pays exporte de l’essence pour importer du diesel,

Quand on pense que, sans ancêtres cannibales, modérant la surpopulation, nous ne serions pas là pour parler d’humanisme,

Quand on pense que, jadis, il n’y avait plus de saison, tandis qu’aujourd’hui le climat se dérègle,

Quand on pense que le changement lui-même n’est plus nouveau sous le soleil,

Quand on pense qu’un milliard de chinois ne savent pas que Michael Jackson est mort,

Et que certains d’entre eux ignorent encore qu’il était pédophile,

Quand on pense que l’argent n’a pas d’odeur, ce qui permet aux pauvres de n’être plus incommodés,

Quand on pense aux milliards qu’on dépense pour nourrir chiens et chats, sans parler des vieux et vieilles,

Quand on pense à l’incroyable migration des puces qui, en une génération, ont sauté de nos oreillers sur nos ordinateurs,

Quand on pense que les grandes douleurs muettes, jadis muettes, sont devenues assourdissantes,

Quand on pense que capitalistes et socialistes sont plus que jamais devenus… capitalistes,

Et qu’il n’y a plus que le Pape pour être vraiment communiste,

Quand on pense aux attentats qui ébranlent tous les soirs nos TV en HD, sauf exceptions où l’on s’ennuie,

Quand on pense à toutes ces pauvres petites filles mutilées de par le monde, parfois même chez des riches pétroliers,

Quand on pense qu’il nous faut tous accéder à l’état de veuf ou veuve pour mesurer enfin les merveilleuses qualités de nos ex-conjoints,

Quand on pense que l’homme pense qu’il pense, et que là s’arrête sa réflexion, le dissuadant ainsi de courir au suicide,

Quand on pense, finalement, que tout ce qui existe existe !

Et qu’on finit par le croire…

Quand on pense que je suis un génie, que personne ne le sait, et que je l’oublie moi-même les trois-quarts du temps,

Eh bien, lorsqu’on pense tout cela, et qu’on finit par se dire qu’on ne doit sans doute pas être le seul… à penser tout cela,

Ce qui devrait nous rassurer…

On peut conclure à coup sûr, instruits ou non, qu’on est encore bien loin… d’être sortis de l’auberge !

Bon appétit.

Le Songeur pensant  (04-12-2025)



(Jeudi du Songeur précédent (381) : « LA PRISE DE LA PASTILLE » )