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Depuis la fin Août 2O25, je suis en état de sidération.
Je suis donc « Sidéré », au sens étymologique du terme*. Peut-être ai-je trop écouté les astrophysiciens cet été.
Pauvre Bayrou ! Alors que le gouvernement était sur le point de tomber, et que tout était à craindre de l’Espace-temps qui est le nôtre, le Pouvoir s’était tu, indifférent aux ondes gravitationnelles qui menaçaient tout ce qui existe et ce qui se passait sur Terre, c'est-à-dire en France.
Pauvre Bayrou…
Certes, l’éviction de Bayrou était sans doute méritée pour son ignorance coupable : il y a moins d’un mois en effet, deux trous noirs qui gravitaient depuis longtemps l’un autour de l’autre, se sont brutalement télescopés, déclenchant en silence des ondes gravitationnelles, lesquelles eussent pu déclencher la fin du monde ! Or, face à cette menace, le gouvernement Bayrou n’avait vraiment rien fait, rien de rien ; et même TF1 n’en avait nullement parlé… J’ai peur.
N’est-ce pas sidérant ? Rien ne va plus en ce monde, tout gravite au hasard et les médias s’en moquent. J’en suis sidéré. Pas vous ?
Sait-on qu’aux dernières nouvelles, — dont j’ai eu vent, moi qui m’informe —, Andromède, la galaxie voisine de notre voie lactée, fonce vers nous à la vitesse grand V, s’apprêtant à nous percuter, envahir et dévorer : et cela, dans moins de 4,5 milliards d’années (quoique ayant pris 600 millions d’années de retard).
Tremblez, Lecteurs du Songeur : aucun de nos députés n’a semblé réagir à ces faits. L’inertie du pouvoir est sidérante : voilà qui méritait bien une motion de censure, quand même ?
Je suis sidéré.
Vous l’avez sans doute deviné : j’ai depuis trois mois appris ce que des chercheurs reconnus de la communauté scientifique internationale racontent, concernant les astres, les trous noirs, les mystères conjugués de l’espace quantique et du monde intergalactique, et j’en passe. D’où ma sidération, face aux déclarations surprenantes des astrophysiciens : ce n’est plus une communauté scientifique, c’est la cage aux folles.
Voyez cette savante coquine, sexagénaire espiègle, qui prospecte dans l’univers tous les lieux où la vie à pu naître, et qui nous traite d’extra-terrestres, aussi incroyable que cela puisse être : je suis sidéré. Elle imagine par exemple, que la vie serait née sur la planète mars (on en voit les encore les traces), et par suite d’explosions diverses, aurait essaimé sur terre, engendrant l’humanité elle-même : c’est nous qui serions alors des « extra-terrestres », ex-martiens, alors que nous nous pensons encore comme des « infra-terrestres » !
On aura tout vu ! Il se passe toujours des événements dans l’univers, comme aux Galeries Lafayette ! Moyennant quoi l’essentiel nous reste caché, et surtout dans les coulisses de l’infiniment petit, ce fameux « champ quantique » où des particules taquines s’amusent à se trouver n’importe où au même moment.
Tout le monde sait tout maintenant, et moi, je n’en reviens pas. C’est dingue. Mais ce qui est dingue dans l’infini petit ou grand : s’agit-il des savants qui prétendent n’importe quoi, ou bien est-ce la réalité elle-même qui déraisonne ?
Imaginez : il y aurait des particules délirantes qui, se situant à un endroit précis « x », décident de s’éloigner d’elles-mêmes, se dédoublent, et se retrouvent totalement ailleurs à un endroit « y », tout en restant simultanément sur place. Ces particules, on ne sait comment, sont capables d’être à la fois omniprésentes sur place, et en même temps totalement ailleurs, comme si elles se faisaient fantômes d’elles-mêmes. Le sait-on vraiment ? Il y aurait des expériences qui le prouvent. Et l’on nomme « intrication » ce phénomène magique.
Hé oui, nous en sommes là. Les plus savants semblent les plus déments. Rien que d’y penser, je sens mon esprit qui se scinde lui-même : « je suis fêlé ». Où suis-je ? que suis-je ? Qui suis-je ? Et quand ?
Bien entendu, on pourra me dire que je suis tombé dans une démence analogue lorsque je me suis choisi un pseudonyme : je suis totalement Bruno Hongre quand j’écris ce que je signe « François Brune », et demeure « Bruno Hongre » lorsque je me déplace pour aller faire une conférence sur ce qu’est censé penser le même François Brune. Si je suis réellement fou, en vivant ce dédoublement, que peut alors en croire mon épouse ? Car enfin, si « je est un autre » comme l’affirme Rimbaud, ma femme me tromperait-elle sans cesse avec moi-même, dans la fidélité la plus absolue ? Et, plus généralement, lorsqu’un mari surprend son épouse dans les bras d’un amant, celle-ci le rassurera-t-elle vraiment en lui expliquant qu’il ne s’agit pas là de trahison mais simplement d’intrication ? Le champ quantique serait immoral ?
Folie, folie ! Il y a vraiment dans tout cela de quoi se cogner la tête contre des murs, et devenir fou en découvrant la nature déraisonnable de ce qu’on appelle la réalité.
Aussi suis-je continûment sidéré. Pas vous ?
Qui fera la lumière sur ces bizarreries, on se le demande… à condition qu’on sache ce qu’est la lumière elle-même. S’agit-il d’une onde ou d’un flux de particules nommées « photons ». Une onde immatérielle peut-elle nourrir ces ogres appelés « trous noirs » ?
Qui fera la lumière sur ce qu’est la lumière ?
« Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Danemark ! » disait Hamlet.
En d’autres termes, l’univers est bien une cage aux folles.
Le Songeur (11-09-2025)
* En latin, l’astre a pour nom « Sidus, sideris ». Le verbe sideror signifie subir l’influence funeste d’un astre, d’où vient le mot « sidération ». Mieux : Considerare veut dire « examiner attentivement contempler, bref, « être avec l’astre ». Et quand l’astre n’est plus là, où caché, le Romain moyen est alors conduit à « Desiderare », ce qui signifie littéralement au contraire : « désirer, déplorer l’absence, la perte de », ce qu’en français nous appelons « désirer ». Bref, le Désir, c’est le manque d’étoile !
Notre langue n’échappe pas à ses racines : cela aussi, c’est sidérant.
(Jeudi du Songeur précédent (374) : « UN FOSSILE QUI S’IGNORE… » )