AFBH-Éditions de Beaugies 
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Les Jeudis du Songeur (319)

« IL NE FAUT PAS HUMILIER POUTINE » : IL FAUT LE GLORIFIER…

Voici plus d’un an que je suis scandalisé par tous ceux qui veulent expliquer, voire « excuser » la guerre que Poutine fait à l’Ukraine sans même l’avoir « déclarée », puisqu’il ne l’a nommée, criminellement, que de l’appellation « Opération spéciale ». Et cette négation de la vérité suffit pour moi à disqualifier l’opération qu’elle couvre.

Dès lors, oser « Comprendre Poutine », c’est justifier l’injustifiable.

À chaque fois que j’entends de bonnes âmes rejeter sur les Américains, l’Otan, l’Europe ou les Ukrainiens eux-mêmes la faute d’avoir provoqué cette guerre, je ne puis éprouver et exprimer que de la colère à l’égard de cette « explication » partiale : comment ne pas voir que cette opération guerrière est déjà pleinement criminelle dans sa nomination frauduleuse ? Et que le simple fait de condamner à des années de prison le moindre citoyen russe qui ose rétablir la vérité en parlant de « guerre » prouve, à lui seul, que l’autocrate du Kremlin est indéfendable, quels que soient ses prétextes, qui ne sont jamais que de faux motifs ?1

Humilier quelqu’un, c’est le rabaisser moralement, mais encore, à juste titre, le remettre à sa juste place, le traiter conformément à ce qu’il est, c’est-à-dire, concernant ce Monsieur, le renvoyer à la monstrueuse bassesse dont il fait preuve depuis des décennies comme menteur invétéré et assassin professionnel. Refuser d’humilier un salaud, c’est l’encourager à persister dans la vilenie foncière de son être, manifestée dans ses actes, quoi que prétendent ses discours, souvent écrits par d’autres que lui. Et je ne parle pas de ses chantages au nucléaire.

Le régime autocratique de Poutine, héritier du totalitarisme soviétique, repose sur le mensonge monumentalement institué et, sous ses apparences démocratiques, sur une absence d’état de droit, ou un droit maffieux permettant à son dictateur de décider ce qu’il veut, de faire juger qui il veut, etc. Comment la cause de ce personnage qui a délibérément annexé la Crimée, sans être en rien freiné par l’impérialisme américain (qui depuis lui sert d’excuse), pourrait-elle vraiment être une juste cause ? Il faut juger Poutine sur les crimes auxquels le conduit son délire défensif/offensif, et non sur ses allégations de justicier condamnant la décadence occidentale, en s’autorisant des agressions réelles pour prévenir des menaces virtuelles.

S’il est contestable que les USA aient voulu « démanteler la Russie », que ne l’ont-ils fait dès l’annexion de la Crimée, quand on considère ce qu’il en a coûté au monde d’avoir laissé prospérer l’impérialisme russe !

Ce qui, personnellement, m’est le plus sensible et suscite ma colère, c’est sa négation absolue de la vérité (qui indiffère les « pro-russes), cette vérité dont la recherche fait pourtant la dignité du langage humain, c’est-à-dire l’expression de l’Esprit en l’homme. Il y a certes chez nous (nos démocraties) des impostures langagières un peu partout, dans la vie publique, dans les débats, dans les médias, dans toutes les formes de publicité (pour qui la vérité c’est ce qu’on arrive à faire croire) : on le sait, et l’on peut dans nos régimes y réagir et les démystifier. Mais dans le régime ex-soviétique où règne la tyrannie sur la soumission, c’est l’émergence de la Vérité même qui est proscrite. Et si notre dignité, qui est d’accéder à la vérité, est bien expression de l’Esprit, son refus est refus de l’Esprit lui-même : quiconque érige le mensonge colossal en principe étatique est donc à proprement parler traversé par l’Esprit du mal, qui veut la mort de l’Homme.

Dès lors, Poutine m’apparaît comme l’Esprit du mal incarné, démoniaque et pervers, ce que confirment ses actuels bombardements d’objectifs civils, en même temps qu’il se pose hypocritement comme champion de sa religion d’état, en compagnie du Pope Kirill, qui appartint, dit-on, au KGB. Sa constante perversion du langage est bien son crime fondateur contre l’Humanité, qui a engendré ou servi tous les autres ; et ceux qui croient bon de l’excuser, par naïve empathie humaine, sont des imposteurs de l’humanisme.

C’est ainsi que j’ai entendu récemment un écologiste de renom qui, dénonçant « l’escalade de l’Occident qui soutient l’Ukraine, déclarait que « Poutine n’est pas Hitler », au motif que ce dernier avait une idéologie néfaste (le nazisme), comme si la volonté de pouvoir de Poutine et son expansionnisme n’était pas à l’origine de son « 0pération spéciale ».

Le pacifisme « munichois » revient donc en force. Souvenons-nous. En 1938, Hitler envahit la Tchécoslovaquie et en annexe « les Sudètes » ; les Alliés (les ministres Daladier pour la France et Chamberlain pour l’Angleterre) signent un compromis de paix pour éviter la guerre, abandonnant à son sort le pays conquis. Churchill condamnera cette lâcheté : « Ils ont accepté le déshonneur pour avoir la paix, et ils ont eu la guerre avec le déshonneur » ; en France, Cocteau s’exclame : « Vive la paix honteuse ! » ; en Angleterre, Chamberlain se réjouit : « Mes amis, c’est la seconde fois dans notre histoire qu’est venue d’Allemagne la paix dans l’honneur ! » On connait la suite…

Comme la situation semble similaire ! L’envahisseur Poutine a annexé la Crimée, puis deux provinces ukrainiennes, et ceux qui le « comprennent » veulent pactiser avec lui ? Quitte, pour éviter la guerre, à lui abandonner la Crimée ou davantage. En toute bonne conscience et en tout déshonneur.

Cela s’appelle la lâcheté.

Mais allons donc, le coupable ne saurait être que l’impérialisme américain…

Le Songeur  (30-03-2023)


1 Invoquer les bases de l’Otan et leurs fusées, à proximité de la frontière russe, est un pur sophisme défensif, lorsqu’on sait qu’il suffit de nos jours de quelques minutes, depuis n’importe quelle base russe, pour envoyer, n’importe où en Europe, des missiles supersoniques ? Par ailleurs, les ex pays de l’Union soviétique n’ont jamais rejoint l’Otan sous l’influence américaine, mais d’abord et avant tout pour savoir d’expérience ce que c’est que de vivre en régime autocratique de type soviétique, où le mensonge est roi, ou « tsar » si l’on préfère.



(Jeudi du Songeur suivant (320) : « DE QUELQUES AVANTAGES D’UNE CERTAINE SURDITÉ… » )

(Jeudi du Songeur précédent (318) : « ENTRÉE EN SIXIÈME, ÉPREUVE DE RÉDACTION » )